PETIT' MUDANG

RENCONTRER SES ENSEIGNANTS:  PREMIER VOYAGE

(선생님을 만나다 : 첫번째 여행

seonsaengnim-eul mannada : cheosbeonjjae yeohaeng)

                     Tous les voyages ne sont pas fantastiques, certains nous laissent interdit, dans l'incompréhension, parfois même avec de la frustration…. Je me souviens de ce jour, c'était l'été, j'étais en joie d'aller rencontrer mon enseignant. Tous nos alliés sont enseignants, mais lorsque l'on se sent perdu, un peu en phase de transition, on peut aller chercher de l'aide auprès De L'Enseignant, celui du moment. En ce jour magique, j'avais décidé de m'offrir ce cadeau. Étendue sous les rayons du soleil, je me laissais bercée par le son du tambour….. La sensation de l'endormissement m'enveloppa lentement, jusqu'à ce qu'une sorte d'évanescence qui me conduisit devant un arbre. C'était un bel Eucalyptus d'une hauteur incommensurable .Je me sentis si petite. Il était immense. 

Depuis ses racines mon regard longea son tronc, mon corps se courba vers l'arrière afin de suivre mes yeux qui s'élançaient le long de son axe vers sa couronne que je ne pouvais deviner au-delà de la brume. Je pris le temps de respirer profondément, impressionnée par sa stature et son autorité, puis …. effrontément, mes mains s'accrochèrent à lui, puis ce fut le tour de mes pieds, j'entreprenais de l'escalader.

Je le sentis surpris, puis amusé de mon audace. Il m'observa affrontant sa verticalité, puis se divertit de me voir me hisser avec peine de branches en branches. Un plafond de nuage me cachait le haut de cet être majestueux. J'ascensionnais au hasard des ramures qui se présentaient à mon hardiesse. Je sentais l'arbre se jouer de moi, me tendant tantôt les bras, puis les retirant soudainement. L'ascension était interminable, le plafond nuageux semblait s'éloigner proportionnellement à ma progression. On eut dit que la justesse de ma présence en ces lieux était testée. La grimpe fut longue et éprouvante. Au fur et à mesure que je progressais, je quittais les repères de la réalité. Le temps devint comme l'arbre, incommensurable. Je sentais mon enthousiasme initial se tarir progressivement, tandis que quelque chose au fond de moi m'impulsait la force de continuer. Je perdis la notion d'espace et de temps.


Et c'est dans ce moment d'égarement, comme profitant de mon inconscience passagère, que la brume vint me saisir. Elle m'encercla en silence, lentement, puis progressivement pris de l'épaisseur.

 Je me retrouvai aveuglée, cernée par cette luminosité nuageuse. Je nageai dans un blanc cotonneux, uniforme qui me coupait de toute perspective. Je m'accrochai à l'arbre, et continuai mon escalade. Les quelques efforts qui suivirent , suffirent à me projeter sur un tapis de nuage. Je pénétrais le monde d'en haut. Un désert de nue s'étendait devant moi. Quelques branches de l'eucalyptus, immergeaient de cet océan de cumulus, mais rien à l'horizon. J'étais seule, perdue. Poussée par cette force invisible, je continuais mon chemin, un pas en avant, puis l'autre, je les allongeais successivement au hasard de cette étendue. Je me sentais comme en errance en plein désert, la tête mue par cette phrase qui se répétait telle une ritournelle : « rencontrer mon enseignant et lui poser la question... ». Soudain, à travers une brumasse, se devina la forme d'un nouvel arbre. Au milieu de nulle part, il me sembla très frêle, j'hésitai un moment, puis repris mon ascension. Le cycle se répéta 3 ou 4 fois, comme si j'atteignais de nouveaux strates, ou plans de conscience . La dernière fois la progression fut différente. Plus rapide, mais plus labyrinthique. J'avais du mal à me repérer, et je perdis la notion d'apesanteur, je ne savais plus si je montais, si je descendais. Je sautais d'une branche à une autre, puis je courais sur un océan de nuage, puis un autre arbre…..Le voyage vira à une sorte de succession de tribulations chaotiques qui me sembla durer des heures. Je revois ce moment incroyable ou je progressai en équilibre sur cette branche, elle était si étroite, je la voyais se réduire au fur et à mesure de mon avancée… je sentis que j'étais au bout , je fermai les yeux, respirai fort telle une prière…. Une courte vision me montra un panneau sur lequel il était inscrit : « le 5eme…... ». J'ouvris à nouveau les yeux, mon regard fut transpercé par le décor qui s'ouvrait soudainement à moi. Il n'y avait rien et voici que tout à coup, je me retrouvais au milieu d'une plaine. 

Un lac de nuages cerné par des montagnes, des sommets enneigés autour de moi. On s'eut cru dans un tableau de rondisme, avec ce lac au milieu. Mon corps tel un toton suivit mon regard qui décortiquait chaque morceau de ce décor : la plaine, les sommets de montagnes enneigés …. la pâleur du décor... ni soleil…. ni ciel… la plaine, les sommets de montagnes enneigés….et encore la plaine, les sommets de montagnes enneigés et là , là sur un sommet….

j'avais du mal à distinguer, je m'approchais ….. Perché sur ce sommet une cabane en toile. Une vision insolite. Je devinais un plancher de forme rectangulaire, une étoffe fermait sur les cotés et sur l'arrière cet espace, lequel était couvert d'un toit de tissu en deux pans. De la fumée semblait sortir de cet abri. Je me rapprochais davantage jusqu'à me trouver devant cet étrange « lodge ». Un homme de petite taille se tenait assis en tailleur à coté du poêle. Il fumait le jangjuk ( 장죽과 ),la longueur de la pipe me surprit, elle était plus longue que ses bras. Un chapeau végétal conique était rabattu sur ses yeux que je devinais bridés. Il m'observa amusé, mais ne dit mot, se contentant de crapoter sa pipe. Mon cœur se mit à battre, c'était un « Sansin » (산신) , un esprit de la montagne sacrée du pays du matin calme.

Je m'approchais et dans l'impatience du moment je lui demandais sans même avoir pris la peine de le saluer. - êtes vous mon enseignant ?Il continua de m'observer avec attention. Pris un temps, puis il hocha la tête en signe d'approbation. Je pris ce geste pour une invitation à continuer. - voulez vous m'enseigner ?Il écarta lentement le jangjuk de sa bouche, releva la tête . Un large sourire se dessina brièvement sur son visage. C'est alors qu'une voix autoritaire semblant sortir des montagnes gronda avec force autour de moi - DE L'ORDRE !!!!Je sursautai de surprise mélangée à de la stupeur, et le temps de cligner des yeux, je me retrouvai pantoise au pied de l'Eucalyptus. …… La frustration s'empara de moi pour quelques jours. Je racontai cette histoire à une belle âme accompagnante de ma connaissance. A son tour elle illumina son visage d'un grand sourire : - QUEL GRAND ENSEIGNANT ! me dit-elle.


Virginie 

(voie de l'eau - murmure de l'âme)

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